Fils d’Abel et Lucy : avoir trente et trois cent cinquante mille ans !

Publié le par perlimpimpin

Samedi 07 Mai 2005

J’en ai pris conscience alors que je venais de passer vingt neuf ans. Quel age devrais je fêter à mon prochain anniversaire ? Question imbécile me direz vous, car après vingt neuf, c’est simple et mathématique, irréfutable : trente.

J’y souscris volontiers, c’est vrai. Mais la vérité est souvent plus complexe. On est toujours le fils ou la fille de quelqu’uns, et ce, depuis la nuit des temps. C’est l’histoire de l’humanité, du vivant, depuis les premières bactéries, les cellules qui ont évoluées, avant et après que l’hominien ne se relève, invente des langages et des religions, se transcende dans et par l’art, l’amour, … Et si je connais et j’aime mes parents biologiques immédiats, je sais aussi que je suis le fils d’Abel et Lucy, et que j’ai plus de trois cent cinquante mille ans.

C’est fou ça, on se réveille un jour comme les autres, on réfléchit en prenant un café, et la peur de l’age vous submerge. Pas de vieillir, non, pensez, un, trois, ou sept ans de plus ne comptent guère, quand on a trois cent cinquante mille ans et tout juste trente ans. 

 
Avoir trente ans et trois cent cinquante mille ans, ça change quoi ?

Rien ou presque. On a les problèmes et les joies d’un trentenaire qui se cherche souvent, et se trouve quelques fois. Et puis les autres, les plus anciens, les éternels. Vivre oui, mais pour quoi faire ? Qui est l’autre, et que faire ensemble ? Naître pour mourir, et dans l’intervalle ? …

 
Ce qui change, c’est d’avoir trente ans aujourd’hui, dans une civilisation contemporaine qui se développe en dimensions virtuelles de plus en plus prégnantes, et qui se saccage un peu plus tous les jours dans sa chair réelle. Il est l’heure où l’humanité, enfin la partie égoïste, celle des pays les plus « avancés », s’emploie systématiquement à détruire son seul habitat originel. Avoir fait toute cette longue route pour en arriver là. Englué dans les conservatismes, berné par la télé et les fausses promesses que l’on nous sert à tout va, sans jamais aborder réellement les problèmes qui nous touchent au fond. La maison brûle dit le pompier pyromane...

Je ne comprends pas que notre civilisation européenne, depuis toujours riche d’histoire, de productions conceptuelles, d’échanges avec les autres civilisations, reste figée dans ses archaïsmes, perdue dans le flot et le vacarme du monde. Les jeunes dans l’insouciance et la douleur, les aînées dans l’immobilisme de leur confort et leur satiété débordante. 

 
Je ne suis pas responsable du passé d’avant moi, aucune peine à porter de ce côté-là. Je m’en souviens, c’est tout. Holocauste, génocides, croisades, esclavage,… l’héritage de l’humanité irrigue mes influx nerveux et cristallise dans la connaissance. Je ne fais que continuer le chemin inexploré de mes prédécesseurs, sans pouvoir embrasser leur présent que j’ignore, et qui me manque terriblement.

Ma responsabilité, celle de tous mes contemporains, ne porte que sur le présent et les présents à venir. Le monde est global, c’est un système complexe. La complexité est souvent une excuse commode, pour ne rien dire, pour ne rien faire, pour ne pas s’engager, pour feindre la disparition des valeurs. Ecran de fumée pour rester avachit, et ne pas regarder le monde dans les yeux, comme on évite un miroir.


Bien sur, il y a la réalité, ce fameux principe de réalité. Le smic à moins de mille euros, le taux de chômage, les papys boomers occidentaux égoïstes, les lobbys, l’administration, les économies, l’une réelle et l’autre virtuelle, le commerce équitable ou non… Mais la réalité n’est pas un état de fait, une image, elle est ce qu’on fait de la matière du présent. Pour l’homme individuellement comme collectivement, la réalité est la somme des actes et le produit des rêves. Et si la réalité du monde ne nous convient pas, il n’y a d’autres solutions que d’essayer de la changer, à son échelle, dans sa sphère d’influence, au quotidien.

 
J’ai trois cent cinquante mille ans d’espoir et d’évolution derrière moi, et à cause de cela, je ne peux me résigner. Même dans un monde absurde et dégénéré, fabriquer du sens et agir restent essentiels.

 
Trentenaire joyeux et insouciant, vraiment ? Pour partie oui, car il a bien fallu développer des anticorps comportementaux pour s’élever dans le monde anxiogène. Et même si la guerre est restée cantonnée à nos frontières, pour ne se déverser que par intrusion, en bandes images-sons scénarisées et brute d’images télé. Il y a (eu) le reste : sida, chômage, Tchernobyl, violence, pollution, écroulement du communisme, impasse du capitalisme quand la spéculation devient virtuelle pour une misère par trop réelle, …

Il a fallu faire avec, sans culpabiliser, décrypter et comprendre le présent avec les outils de l’apprentissage, de l’enseignement, de l’expérience, des désillusions, des questionnements, … Alors, insouciant, oui, pour partie, tandis que tant d’autres restent inconscients.


Reconnaître que je n’aurais jamais assez de temps pour épuiser mes rêves, pour aller au bout de tous mes projets et idées, pour aimer les femmes et les hommes que le hasard et la chance auront mis sur ma route. Mais ce n’est pas grave que ce temps vienne à manquer. Il y a le présent, ici et maintenant, dense, vital. Ce temps, c’est la vie. Il s’agit de l’habiter, de la meilleure manière qu’il soit.

publié par LOYEN dans: heloim.sinclair
Recommander

Commentaires

J'ai pris 350000 d'un coup, je suis crevé... !
Commentaire n° 1 posté par: elyanos(site web) le 10/05/2005 - 16:57:40
Anticorps pour ce monde anxiogène, rien à voir avec l'insouciance de tes vingt ans en effets.
remède : une boite de playmobiles neuve,deux heures de casimir et de longues parties de 'petits chevaux', sinon arrete Le Monde et france Inter et remplace par du sexe sur la plage et une grosse décapotable....
Commentaire n° 2 posté par: Ourstranquile(site web) le 11/05/2005 - 10:00:50
Etant actuellement dans la vingtaine,
je comprends tout a fait ton point de vue.

Cependant la traversée de ton monde metaphysique fait penser que tu te ronges toi meme.
tu te casses la tete sur les murs a te faire mal et qui plus est pour rien.

Aussi je t'apporte ce petit souffle de jeunesse, car l'important c'est de rester jeune et de profiter de la vie, 30 ans c'est pas vieux !
Peut etre en effet qu'une cure de Lego ou de Playmobil ferait du bien.

Ou alors, une activité plus "saine" pour des vieux de votre age : se bourrer la gueule
Commentaire n° 3 posté par: le Blackos Joe le 11/05/2005 - 13:41:30
Trentenaire ou pas, un jour on comprend que les années passent vite et qu'on a tous une responsabilité dans cette vie.

Toutes les responsabilités des humains portent sur le présent et l'avenir, Richard. Etre engagé et réaliste c'est un devoir, accepter le passé et les douleurs c'est être adulte et responsable. S'indigner c'est bien, mais se questionner de cette manière c'est faire du sur place. Je trouve que tes réflexions oublient un peu que le monde est d'abord composé d'êtres humains. Je vois peu d'espoir,d'amour et d'universalité dans ce que tu écris, tu te questionnes sur toi -même et pas sur le sens de la vie. L'homme pourrait vivre pour le progrès de l'humanité. Vivre dans le présent c'est un leurre, une commodité. S'engager pour le futur sur une telle base c'est une farce. Moi aussi idéaliste, j'aurai aimé lire ou déduire les mots tolérance, harmonie, solidarité, justice dans ce bilan. A mon humble avis de non intellectuelle, des valeurs essentielles pour trentenaire engagé.
Commentaire n° 4 posté par: anne le 07/06/2005 - 00:10:01
Hédoniste singulier... tu me stresse là avec ta vision apocalyptique d'un présent et d'un avenir des plus sombres... oublie tu qu'à l'époque de Noé, il se sont pris un déluge sur la gueule.... et que pour l'époque, bien lointaine, c'etait la fin du monde... à l'heure des technologies modernes et du progrès qui rend la vie des êtres humains que nous sommes bien plus facile mais aussi plus chère et plus contraignante, on ne peut pas laisser ton hédonisme singulier s'enfermer dans cette bulle... si certes on prend les réalité du monde en pleine figure tous les jours, on a le choix de ne pas le voir... on a toujours le choix, on peut refuser toute cette intox informationnelle on ne subit rien, n'oublie pas que la plus grande facilité de l'homme est de choisir.... on a le choix de ne pas lire le monde, on a le choix de ne pas regarder les infos, on a le choix de penser à ses fesses, on a le choix de vivre une vie saine malgrè la polution et tout le reste, comme on a le choix aussi de picoler jusqu'à plus soif sans penser au lendemain.... Tu te dis épicurien mais je pense que tu te poses bien trop de question métaphysique.... libère toi des contraintes que tu t'ai toi même créées et tu verras le côté positif des choses... la vie est belle et elle vaut le coup d'être vécu, pour l'amour, l'amitié, la sincérité, la solidarité et la paix, même si elle n'est pas partout, elle est déjà chez nous....
Commentaire n° 5 posté par: beauté vénusienne(site web) le 28/07/2005 - 11:23:15
Pourquoi oposer épicurisme et conscience ? Ne t'inquiète pas pour moi, je sais voir le côté positif des choses...
Je suis convaincu que la vie est belle et qu'elle vaut le coup d'être vécu, pour l'amour, l'amitié, la sincérité, ...

Ma conclusion est elle ambivalente sur ce point ?
Commentaire n° 6 posté par: Héloïm Sinclair le 28/07/2005 - 12:46:15
Sympa ce blog ! ;)
Commentaire n° 7 posté par: Nicolas(site web) le 23/08/2005 - 20:31:01
Cher Héloïm, à force de t'avoir parlé de chiffres, que Sophie en ait parlé, Marie, Bi colore, Anne, Patrick2Mars..... et tant d'autres dont je n'ai pas compris tout de suite qui ils étaient ou elles...
me voilà enfin à pouvoir te laisser un commentaire.
Merci pour les annonces si justes (les pubs à chaque page de mes articles, je ne savais pas comment les enlever, j'ai maintenant compris pourquoi je n'y arrivais), merci pour tes maux et les maux qui viennet en résonnances....
Moi je suis prête pour ce bel avenir
qui commencera par le 0 pour grimper jusqu'au 9...
Il fait absolument que tu lises si tu ne le connais pas encore Salomé Contes à Guérir, Contes à grandir.
L'homme qui rêvait de la Planète Venus.
Commentaire n° 8 posté par: lafilledu sud ô grand coeur(site web) le 14/04/2006 - 21:15:19

Trackbacks

Fils d’Abel et Lucy : avoir trente et trois cent c

barbara, tu dois répondre

Tracké le 09/04/2006 - 14:48:59

Publié dans perlimpimpin

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article